Le retour de « La Liberté guidant le peuple »
« La Liberté guidant le peuple », le très célèbre tableau d’Eugène Delacroix est de retour dans la salle Mollien. Il revient d’une restauration de six mois qui a consisté en un allègement des anciennes couches de vernis qui assombrissaient et jaunissaient ses couleurs. Dans son communiqué de presse, le Louvre indique que la précédente restauration date de l’été 1949.
Cette toile célèbre la révolution des 27, 28 et 29 juillet 1830, les « Trois Glorieuses », qui a chassé le roi Charles X. « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu pour la patrie au moins peindrais-je pour elle » écrit Delacroix à son frère, il peint son tableau en 3 mois et le nomme d’abord « Le 28 juillet ».
A la base il y a des cadavres de soldats, dont certains sont dénudés car les insurgés ont pris leurs uniformes. A gauche, trois personnages : un ouvrier avec un sabre, un bourgeois armé d’un fusil et un paysan avec une chemise bleue. Ils symbolisent les classes sociales qui s’unissent contre Charles X. A droite un gamin de Paris qui brandit des pistolets et préfigure le Gavroche des « Misérables » le roman que Victor Hugo écrira trente ans plus tard. Dans le lointain les tours de Notre Dame font référence à la liberté, au Romantisme et situent l'action à Paris. Au centre la Liberté est incarné par une fille du peuple coiffée d'un bonnet phrygien. Elle porte un drapeau tricolore, évocation de la Révolution de 1789 et un fusil d'infanterie modèle 1816. Pour la petite histoire, cette allégorie a choqué les contemporains, non pas à cause de ses seins nus mais des poils que l’on devine sous le bras qui porte le drapeau. Pour les classiques la peau d'une allégorie devait être lisse.
Ce tableau romantique et révolutionnaire eut un retentissement dans toute l’Europe. C’est à partir de la IIIe république que la Liberté devient célèbre et une icône populaire car popularisée par un timbre et un billet de banque.
La Liberté est coiffée d'un bonnet phrygien semblable au bonnet des affranchis de la Rome antique qui fut, pendant la Révolution, l’emblème de la liberté et de la république. Et pour être au cœur de l’actualité ce bonnet a inspiré la mascotte des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.