Deux "mises en abyme" au Louvre
Vous avez sans doute déjà entendu parler de l’expression « mise en abyme ». Le dictionnaire nous indique que ce terme vient du Grec « abussos » (sans fond) et qu’une mise en abyme est une œuvre citée ou emboîtée à l’intérieur d’une autre. Au musée du Louvre j’ai trouvé deux mises en abyme.
Commençons par cette toile de Guillaume Larrue intitulée « Salle égyptienne du Louvre », vous constatez donc qu’une œuvre du Louvre, le Grand sphinx de Tanis, se trouve dans ce tableau du Louvre. Au premier regard, on remarque tout de suite que le sphinx n’est pas dans la crypte qui porte son nom. Le tableau est une vue de la salle de la Colonnade dont Percier et Fontaine furent les architectes. En 1847 elle fut affectée aux grand monuments égyptiens. Ce tableau n’est pas daté, mais par les costumes on peut le situer entre 1882 et 1886. Le grand sphinx a inspiré au peintre cette scène qui oppose l’antique chef-d’œuvre défiant les siècles à d’élégants visiteurs vêtus à la mode éphémère du jour. Le sphinx de Tanis est l’un des pièces les plus massive du Louvre puisqu’il pèse 12 tonnes. C’est aussi l’un des plus grands hors d’Égypte. Malgré les inscriptions qui le recouvrent il n’est pas possible de le dater avec précision car il a été réemployé à par plusieurs rois successif, lesquels ont fait effacer les inscriptions de leurs prédécesseurs.
La deuxième mise en abyme est ce tableau intitulé « Diane de Poitiers chez Jean Goujon » peint en 1830 par Alexandre Évariste Fragonard. Dans sa toile, il représente la favorite qui rend visite à l’artiste qui achève la « Diane d’Anet », une sculpture qui est au Louvre.
Le roi en contrebas prête la main à Diane de Poitiers pour l’aider à descendre de son piédestal. Un chien de chasse, blanc comme le marbre de la sculpture, occupe le premier plan à droite. La suivante tient dans ses bras un petit chien de dame dont raffolaient les cours princières et l’aristocratie. La sculpture représente Diane, déesse de la chasse, qui enlace un cerf. Elle est accompagnée de deux chiens et tient son arc dans la main droite. Ce grand nu chaste, symbole de la Renaissance Française, provient d’une fontaine du château d’Anet offert par le roi Henri II à sa favorite. Saisie lors de la Révolution, l’œuvre fut exposée au musée des monuments français. C’est au début du XIXe siècle que l’on imagina que le modèle était Diane de Poitiers.
Mais la réalité historique est tout autre. D’abord la sculpture, lourdement restaurée en 1799 – 1800 par Pierre-Nicolas Beauvallet, n’est peut être pas de Jean Goujon, elle a aussi été attribuée à Benvenuto Cellini ou Germain Pilon. Ensuite, comme le précise Pierre Rosenberg dans son Dictionnaire amoureux du Louvre, « le modèle ne peut en aucun cas être Diane de Poitiers ».