Le Pèlerinage à l’île de Cythère
C’est le peintre Antoine Watteau (1684 – 1721), en rupture avec l’académisme du XVIIe siècle, qui créa le genre des « fêtes galantes » où il imagina une sorte de monde idyllique décrit ainsi par l’historien de l’art Ernst Gombrich : « une vie de songes toute consacrée à de douces conversations dans des parcs de féerie où il ne pleut ni ne vente, à des sérénades où toutes les femmes seraient belles et tous les amoureux charmants, où bergers et bergères n’auraient d’autres soucis que de renouveler le plaisir d’éternels menuets ».
Watteau connut un grand succès car il était en était en phase avec son époque. En effet, la fin du règne de Louis XIV fut sombre et triste, marquée par un moralisme pesant.
Après la mort du vieux roi, durant la régence assurée par le duc d’Orléans, un vent de légèreté souffla sur le pays. Les gens voulurent « faire la fête » pour oublier la période précédente et les tableaux de Watteau répondaient à la demande des aristocrates et des riches bourgeois à la recherche de plaisirs.
C’est en 1717 qu’il peint « Le Pèlerinage à l’île de Cythère », une allégorie de la rencontre amoureuse. Au premier plan on voit trois couples au pied d’un buste antique recouvert de roses. Un peu plus bas d’autres couples, survolés par des amours, semblent se diriger vers une étendue d’eau. Ce tableau évoque le voyage des amants vers Cythère, l’île Grecque de l’amour et lieu mythique de la naissance de Vénus. La notice du Louvre indique que l'un des éléments les plus novateurs de ce tableau est le paysage brumeux et mystérieux de l'arrière-plan,
Cette œuvre, morceau de réception de Watteau à l’Académie de peinture et de sculpture, fut exposé en 1717 dans la salle de l’Académie au Louvre et intégra en 1793 le Muséum central des arts de la République, futur musée du Louvre.