Les taureaux ailés de Khorsabad

Publié le 6 Novembre 2015

Dans l'aile Richelieu vous connaissez sans doute cette cour qui porte le nom un peu mystérieux de Khorsabad, on y voit ces statues monumentales de « taureaux androcéphales ailés » devant lesquelles les touristes aiment à se faire photographier.

Les taureaux ailés de Khorsabad

Ces taureaux Assyriens ailés à têtes humaines, sont des « lamassou », des êtres bénéfiques chargés de garder les palais en éloignant les forces maléfiques selon les croyances de l'époque. Sargon II qui fut roi d’Assyrie de 722 à 705 av. J.-C. fit construire une nouvelle capitale, Khorsabad dont les portes de la demeure royale étaient ornées par ces taureaux géants. Il faut d'ailleurs souligner que Sargon ne profita pas beaucoup de sa nouvelle capitale puisque il mourut à la guerre deux ans après l’inauguration. Son fils Sénachérib, voyant là un mauvais présage, s'installa à Ninive et Khorsabad abandonnée fut recouverte par les sables.

Des Assyriens, l'histoire a surtout retenu leur cruauté, je me souviens de ce titre d'un livre d'histoire « La cruelle Assyrie, ce nid de vautours ». Ecoutons le roi Assournâtsir-apli raconter une campagne militaire, un siècle avant Sargon :

« Contre la ville de Dirra, je combattis (...). Je pris la ville, je fis passer au fil de l'épée huit cent de ses guerriers et couper leurs têtes. Le reste de l'armée fut pris et jeté au feu. Je plaçais un tas de vivants et des têtes devant la grande porte. Sept cent habitants furent empalés, je brûlais les jeunes gens. J'emportais leurs biens, je détruisis la cité et transformai le pays en champ de ruines ».

Les Assyriens n'annexaient pas les pays environnants mais exigeaient un tribut, si une ville ou un pays refusait de payer ils étaient alors considérés comme rebelles, tout était alors permis contre eux ce qui explique que les campagnes militaires assyriennes prirent un caractère d'atrocité inconnu jusque-là. Finalement cet empire fut vaincu entre 614 et 612 avant notre ère par une coalition de Mèdes et de Babyloniens. Les méthodes impitoyables des Assyriens se retournèrent contre eux et leurs villes furent brûlées à la grande joie des peuples qui avaient subi leur tyrannie.

En 1843 le consul de France Paul-Émile Botta entrepris des fouilles sur le site de Khorsabad et mit à jour ces statues monumentales qui furent envoyées au Louvre, sauf une d'entre elle engloutie lors d'un naufrage. Elles furent exposées de 1857 à 1991 dans l'aile Sully jusqu'à la création de l'aile Richelieu qui permit de regrouper les antiquités orientales. La cour Khorsabad est conçue autour d'un mur en stuc de sept mètres de haut qui permet de reconstituer de façon aussi fidèle que possible le décor de la capitale de l'Assyrie. Détail amusant à connaître : la plupart des visiteurs ne font pas attention au fait que l'un des taureaux les plus photographié est en fait une réplique en plâtre d'un original qui se trouve à l'Oriental Institute de Chicago.

Les taureaux ailés de Khorsabad

Rédigé par Louvre-passion

Publié dans #Antiquités

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G
Bonjour, je viens de visiter la cour de Khorsabad au musée du Louvre, sauriez vous ce que représentent les détails des sculptures et des reliefs, la barbe a l'air d'un signe de la fonction par exemple, avec plusieurs niveaux permis, de 2, 3, 4, voire, pour certains, de 5 niveaux, jusqu'au milieu de la poitrine... de même pour les coiffes, sait on ce que cela représente précisément ? Vous en remerciant.
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L
Bonjour<br /> S'agissant des barbes des Lamassou, je n'ai pas de réponse à votre question dans ma documentation. La coiffe est tiare étoilée, entourée de plusieurs cornes et surmontée d'une rangée de plumes selon la notice du site du musée :<br /> https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/taureau-androcephale-aile<br /> Cordialment
X
Merci pour ce petit article! Je cherchais précisément à savoir quand ces œuvres monumentales avaient été rapportées au Louvre
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